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Digitalisation de la santé : de plus en plus d’adeptes


Marc Hostert (à g.), le président du conseil de gérance de l’agence eSanté, et Ian Tewes (au c.), le directeur général, ont présenté hier les principaux chiffres du rapport d’activité portant sur 2023. (Photo : fabrizio pizzolante)

Après un bilan mitigé en 2022, les outils «eSanté» sont de plus en plus utilisés par les Luxembourgeois. Son fer de lance, le dossier de soins partagé, connaît une augmentation importante de son usage.

La généralisation de la digitalisation de la santé se poursuit au Grand-Duché. Hier, l’agence nationale luxembourgeoise chargée de faciliter le partage et l’échange des données de santé a présenté son rapport d’activité pour l’année 2023. Premier fait à noter : le dossier de soins partagé (DSP) est de plus en plus utilisé par les Luxembourgeois. Cet outil digital permet de regrouper sous une même plateforme les comptes rendus médicaux, les résultats d’examens d’imagerie médicale et le carnet de vaccination d’un patient.

Pour Marc Hostert, le président du conseil de gérance de l’agence eSanté, plusieurs raisons expliquent l’augmentation de cet usage. «D’une part, on observe que les jeunes générations veulent de plus en plus utiliser les moyens informatiques pour la gestion de leur santé. D’autre part, l’arrêt de la reproduction de l’imagerie médicale sur CD en 2024 et la généralisation des lettres digitales de sortie des hôpitaux ont clairement eu un impact sur l’adoption de cet outil par les professionnels de santé.»

Si cet outil plaît aux jeunes patients, les anciennes générations n’hésitent pas à s’en emparer. «Nous avons maintenu les voies traditionnelles pour ceux qui ont peu de connaissances digitales. On voit que la pratique numérique devient plus courante chez les personnes d’un âge certain qui ont des parents souffrants. Pour eux, c’est un outil qui leur facilite la vie», assure Marc Hostert. Ce changement d’approche s’est développé pendant la crise sanitaire, il y a quatre ans. «Durant la période covid, on a constaté une baisse de la peur de la digitalisation du secteur de la santé chez les patients. Les personnes ont commencé à s’habituer à ces outils et ont vu leurs effets positifs dans leur quotidien.»

Plus de 200 000 comptes patients

Ce développement de la digitalisation de la santé est attesté par les chiffres. Au 30 septembre dernier, 201 664 patients possédaient un compte eSanté. Pour le seul mois de septembre passé, 2 488 patients ont activé un compte. Les professionnels de la santé ne sont pas en reste. Au 30 septembre dernier, les médecins, pharmaciens ou autres praticiens sont 2 698 à posséder un compte eSanté.

Dans le détail, on observe que le nombre de dossiers de soins partagés a atteint en septembre 2024 le million, soit plus que la population du pays, les frontaliers étant susceptibles d’en ouvrir un. Depuis un an, le nombre de documents présents sur cette plateforme n’a cessé de croître pour atteindre le chiffre de 13 millions cette année. De plus, le nombre de carnets de vaccination augmente, lui aussi. En septembre 2024, l’agence eSanté en a comptabilisé plus de 45 000. C’est près de 10 000 de plus en comparaison avec le mois d’octobre 2023.

L’enjeu de la sécurisation des données

Mais, face au développement de la digitalisation de la santé, l’un des principaux enjeux reste la protection des données des patients. Conscient de ce problème et des risques de piratage, le président du conseil de gérance de l’agence eSanté assure que le processus est très contrôlé. «On peut dire que c’est un système en béton. Avec la Commission nationale pour la protection des données (CNPD), on suit cela de très près pour préserver les données de santé de nos patients. C’est quelque chose de primordial pour nous.»

Cette année, l’agence eSanté a lancé deux projets visant à mieux protéger son réseau d’interconnexion et la sécurité de ses systèmes d’information. Un enjeu fondamental quand on sait que les dossiers de soins partagés sont consultables en dehors des frontières du Luxembourg, notamment pour les frontaliers qui ont fréquenté un établissement de santé au Grand-Duché.

Vers un DSP «nouvelle génération»

Lors de la présentation de son rapport d’activité, l’agence eSanté a également évoqué ses axes de développement pour l’avenir. Premier point : la prolongation du dispositif du remboursement accéléré des paiements de santé. «Nous l’avons mis en place en 2023 et il sera prolongé d’une année supplémentaire», assure Marc Hostert. Le dispositif bénéficie aux patients qui consultent un médecin qui y participe.

Mais le principal projet de l’agence eSanté reste la création d’un dossier de soins partagé «nouvelle génération». Concrètement, ce nouveau DSP permettra d’échanger plus facilement «les données via des documents PDF avec les pays voisins du Luxembourg». «L’autre objectif est d’intégrer une nouvelle version technologique. L’ancienne plateforme a été mise en place il y a douze ans», conclut le président du conseil de gérance de l’agence eSanté.